LES RESECTIONS PAR VOIE HYSTEROSCOPIQUE
Docteur Albert OHAYON - Montpellier
La chirurgie par voie hystéroscopique est en plein essor. Vous allez, nen doutez pas, avoir parmi vos patientes, des indications et tout aussi logiquement des suites de résection à gérer. Vous devez vous y préparer.
Les principales indications.
* Les lésions intra-utérines bénignes, polypes fibreux ou muqueux, fibromes sous muqueux dont langle de raccordement est aigu, hyperplasies endométriales.
* Les méno-métrorragies rebelles aux traitements médicaux.
Le choix de lhystéroscopie.
Je pense quon nutilise pas assez souvent cet examen simple quest lhystéroscopie diagnostique. Il me semble que tout saignement persistant devrait faire lobjet dune recherche diagnostique incluant lhystéroscopie. Je dis cela tout particulièrement à lintention des médecins généralistes. Vous êtes les premiers une fois sur deux à recueillir le symptôme. Vous prescrivez plus volontiers des hystérographies. Je le sais, je le vois. Vous faites appel dans le cas des saignements génitaux à un examen qui renseigne moins bien que la vision directe quoffre lendoscopie. Entre des ombres chinoises et lobservation directe, en couleurs, de la cavité, il ny a pas photo, si jose dire.
Pourquoi ?
Peut être justement parce quil ny a pas photos, cest à dire pas diconographie. On peut toujours vous fournir une copie du film. La plupart des gynécologues enregistrent les hystéros. Sils ne le font pas, ils le devraient. Cest très pratique de revoir tranquillement les images ou de comparer les hystéros avant et après traitement.
La douleur décrite pendant une hystéro diagnostique faite à lhystéroscope souple est bien inférieure, quand elle existe, à celle dune hystérographie.
Est-ce que vous avez la crainte, peut être la certitude, de ne pas revoir la patiente pour ce symptôme si vous la confiez à un gynécologue ? Il y a des chances, nest ce pas ?
On rentre là dans des considérations plus de politique confraternelle que de pure efficience thérapeutique.
La réalisation de lacte.
Lanesthésie.
Les résections endométriales ou ablations hystéroscopiques se font sous anesthésie générale. Quelques confrères qui en ont lhabitude procèdent à un bloc paracervical.
Le matériel.
Lhystéroscope est rigide. Loptique est inclinée ou non. Si elle lest, la vision présente une forobliquité, cest à dire que ce que lon voit au centre de lécran est en fait plutôt un peu plus bas et que si vous voulez voir le "toit ", il vous faut tourner loptique sur son axe de 180 degrés, cest pas facile.
Cette optique va se glisser dans deux autres chemises. La première va guider et mobiliser en va et vient loutil qui va réséquer, une petite anse semi-circulaire, ou celui qui va cautériser, une petite boule qui roule sur son axe horizontal et quon nomme roller-ball. Elle conduit aussi le liquide de distension vers la cavité utérine. La deuxième va recouvrir le tout et réaspirer le liquide par deux petites surfaces percées de petits orifices disposés au bout et en haut et en bas. Elles ont un nom mais je ne men souviens pas.
Le diamètre de cette dernière chemise, la plus large, est de 27 Ch. environ 0,9 cm.
Il faut donc préalablement dilater le col dans son ensemble pour pouvoir introduire et mobiliser facilement lhystéroscope. Ne pas le dilater au-delà du diamètre de la chemise opératoire pour ne pas avoir de fuite de liquide. Dilater assez pour être à laise et faire glisser facilement lhystéroscope.
On branche larrivée du liquide de distension, une solution de glycocolle à 1,5% et le tuyau de récupération. Ils aboutissent tous deux à un appareil qui contrôle les pressions et le débit. Il faut vérifier que les branchements sont ouverts. En effet, une des causes les plus fréquente de mauvaise distension et de visualisation insuffisante de la cavité est le mauvais retour du liquide. Dans le même ordre didée, veiller à ce que les fameux petits orifices soient libres, éloignés de la muqueuse, et sans caillots qui les boucheraient. Notez que ces petits orifices se chargent de débris lorsque lon change la poche de glycocolle qui sest vidée. Quand on relance la résection, on a une image moins nette. Il suffit de sortir le résecteur et de nettoyer avec une compresse ces petits orifices.
Tous ces tuyaux - arrivée et retour liquidiens, branchement sur le bistouri électrique, un Erbé de préférence, lumière froide et gaine caméra - ça limite et gêne la mobilisation du résecteur.
Le geste.
Bon, on y est, on a repéré la lésion. On va la raboter.
Quand on a un peu lhabitude ou quon est doué, on repousse vers le fond les copeaux. Quand on ne sait pas le faire, on les retire un par un. Cest plutôt fastidieux.
Si on doit travailler sur les deux faces, il faut commencer par la face supérieure, à cause des bulles de gaz qui gêneraient en deuxième partie dintervention. Elles gênent vraiment, croyez moi.
Si la cavité est trop bien distendue et que lon a quelques difficultés à creuser avec lanse, on peut refermer un peu le retour liquidien, la distension se fait moindre, on voit plus de relief, les faces se rapprochent de lanse. On peut rétablir le flux maximum pour vérifier le résultat.
Une fois que lon a retiré la lésion, il faut se soucier de lhémostase. Le plus souvent, avec les bistouris modernes, la section comporte un certain degré de coagulation qui suffit si on na pas entamé le myomètre trop profondément. Si ça saigne, ce que lon voit plus volontiers quand on a diminué les pressions, on peut coaguler avec lanse, cest le truc des paresseux, ou bien avec le roller-ball de petit diamètre, cest mieux, loptique nest pas bouché par la boule.
Lhospitalisation.
Pour les petites lésions du type polype fibreux ou muqueux, on peut sans danger les laisser sortir le jour même. Quand on sest attaqué à un gros fibrome, on les garde au moins une nuit. Entre les deux, ça dépend du gynéco, de son anxiété et du reste. Cest comme dans la vie. Moi, je fais dans la prudence, je défie rarement les éléments.
Les complications.
Les complications immédiates.
Même si elles ne vous concernent pas trop, il vous faut les connaître.
Plaies du col.
On saisit le col et on tire dessus pour le dilater dans un premier temps et par la suite pour pousser le résectoscope. On peut le déchirer. Pour éviter cela, on peut utiliser deux pinces à col, situées à 1 heure et 7 heures.
Ne pas trop tirer dessus pendant lintervention, il y a risque de léser les ligaments utéro-sacrés.
Les perforations.
Il y a celle qui survient au tout début, due à une fausse route lors de la dilatation. Cest sans gravité. Ni pour la patiente, ni pour lopérateur puisque le ridicule ne tue pas. Il ne reste plus quà trouver un prétexte pour expliquer quon na pas fait lacte.
Il y a lautre, qui peut survenir lorsque la vision est insuffisante, que lon na pas repéré les ostiums. Elle se situe au niveau du fond. Elle nest pas grave.
Enfin, il y a la perforation provoquée par une résection trop profonde. Les risques sont tout autres : lanse électrique a pu léser un élément digestif. Dans ces cas là, tenter de reconstituer mentalement lincident pour évaluer les dégâts. Si on pense quon a pu user du courant alors quon était dans la cavité abdominale, cest pas bon. Il faudra peut être faire une coelioscopie pour vérifier les anses digestives. Cest pas facile. Si on ne trouve rien, on nest pas toujours sûr quil ny a pas eu de lésion. Vérifier les anses, toutes, sous toutes leurs coutures, ça nest pas aisé, vous limaginez.
Le mieux, cest de les éviter, en coagulant les vaisseaux qui saignent en fin dintervention. Ne pas négliger ce temps. Et ça nest pas facile de céder à la lassitude de linfirmière du bloc, aux gros yeux de lanesthésiste, à la complexité du terrain, jentends par là lirrégularité de la cavité une fois la muqueuse réséquée, avec les franges et les petits copeaux qui flottent.
Certains ont proposé la mise en place de ballonnets, de sonde de Foley. Je nen ai pas lexpérience, pas encore.
En France, cest surtout le glycocolle. Le produit est toxique. Les signes cliniques résultent autant de sa toxicité propre que de lhémodilution dont un passage intra-vasculaire important serait responsable.
Les signes neurologiques sont les plus précoces, céphalées et troubles visuels. Puis surviennent dyspnée, polypnée et défaillance cardio-vasculaire.
Pour léviter, ne pas allonger lacte, ne pas recourir à lhyperpression dans la cavité utérine, régler lappareil à 100-150 mg. maximum, et enfin éviter de perforer, tout le liquide qui se déversera dans la cavité abdominale sera absorbé.
Pour dépister la complication, faire une natrémie et une hématocrite pour évaluer lhémodilution. Confier à lanesthésiste la surveillance et le traitement diurétique éventuel.
Les complications différées.
On est surpris de navoir pas plus dinfections post-opératoires. Lacte est long. On entre et sort de nombreuses fois au travers de lorifice cervical. On devrait en voir beaucoup plus que lors de la pose dun stérilet.
On ne prescrit que très rarement une antibiothérapie préventive. On fait néanmoins surveiller la température corporelle pendant les quatre jours qui suivent lintervention et signaler celles qui dépassent 37.8° .
Le traitement antibiotique devra comporter un produit réputé efficace sur les anaérobies.
Les désagréments observés lors des suites.
Les précautions à observer dans les suites.
Ralentir son activité durant 3-4 jours.
Ne pas utiliser de tampons durant le cycle actuel et le prochain.
Ne pas procéder à des douches vaginales.
Ne pas se baigner en mer ou en piscine durant une dizaine de jours.
Ne pas prendre de bain durant la même période.
Sabstenir davoir des rapports sexuels une quinzaine de jours.
Un rendez-vous doit être pris pour évaluer 15 jours après lintervention les résultats.
Derniére mise à jour le 17/11/98