louise et gilles 7

Nous avons passé quatre jours à Nairobi pour se reposer un peu (et se remettre de notre deuxième évacuation en autant de mission...) soit du 19 au 23 janvier. Nous avons fait quelques petits restos sympas et un peu de tourisme.

En effet, nous avons passé la journée du 20 janvier en Safari au Nairobi National Park qui est un parc pas très loin de la ville du même nom. On s'est beaucoup amusé lors de ce petit Safari d'une journée. On a vu les zèbres, les girafes (de très très près!), les babouins, les autruches, toutes sortes d'antilopes, des gnous, une pléiade d'oiseaux et une lionne avec ses trois lionceaux. c'etait très impressionnant de voir les animaux d'aussi près dans leur habitat naturel. On a fait de belles photos.

Nous avons aussi loué une petite jeep le 22 janvier (volant à droite, bras de vitesse à gauche et évidemment conduite à gauche ... ho! ho! pas évident dans les ronds points...) et sommes allés passer une journée dans la Rift Valley (là où il y a eu les cas de Rift Valley Fever en janvier 1998). Cette vallée, au nord de Nairobi, au pied du mont Kénya (le deuxième plus haut sommet d'Afrique après le Kilimandjaro) est superbe (d'ailleurs, de belles scènes du film "Out Of Africa" y ont été tournées). Nous avons eu des points de vue extraordinaires et nous avons fait le tour du lac Naivacha. Prés de ce lac, nous avons gravi, en 4X4, les flancs d'un petit volcan pour aller voir le lac au centre de son cratère. On se serait cru dans un film tellement le microsystéme à l'intérieur de ce cratère était particulier. Il s agissait d'un lieu d'un calme et d'une beauté particulière. Il y avait plein de petits singes qui accompagnait notre visite de ce cratère. Près du lac, au fond du cratère, il y avait un super Lodge digne des plus beaux décors de cinéma. Nous étions comme dans un autre monde. Nous aurions aimé rester là plus longtemps mais malheureusement nous devions renter sur Nairobi pour prendre notre vol pour Loki dés le lendemain, le samedi 23 janvier 1999.

Nous avons profité de notre séjour forcé à Nairobi pour commencer à organiser nos vacances prévues pour la fin de notre mission. Nous avons acheté des cartes et recueillies des informations pour réaliser nos projets. Nous pensons louer un 4X4 pour se rendre par nos propres moyens au parc Amboseli au sud du Kènya, tout près de la frontière de la Tanzanie. Ce parc est au pied du Kilimandjaro. Nous avons les coordonnes d'un super Lodge avec vu sur le Kilimandjaro et nous comptons y passer trois ou quatre nuits. Après le Safari, nous pensons aller deux semaines sur les plages de Zanzibar. Nous sommes prudents dans nos projets cependant car tout peut changer très vite ici en Afrique...

Nous sommes de retour à Loki depuis maintenant une semaine (il fait ici une chaleur d'enfer et il y a des tempêtes de sable tous les jours...nous on a du sable dans les yeux, les oreilles, la bouche, etc...). Malheureusement, les conditions de sécurité ne nous ont pas permis d'effectuer un retour à Ajiep pour l'instant. Nous n'avons cependant pas chômé car nous avons travaillé à établir clairement les priorités dans nos programmes lors de notre retour. Nous avons aussi préparé tous les documents administratifs et opérationnels nécessaires à notre retour (liste des taches, listes des enfants et des malades, estimation des besoins en bouffe, documents administratifs et profil des postes pour que les structures puissent rouler en notre absence, rapport pour ceux qui viendront nous remplacer, etc.). De plus, Louise et moi avons participé à une formation poussées de trois jours (les 28, 29 et 30 janvier, de 08h30 le matin à 21h30 le soir) sur la sécurité au Sud Soudan (comment naviguer avec cartes et boussole dans le bush, comment localiser les points cardinaux avec les constellations d'etoiles ...Orion, Cassiope et les autres, comment survivre à une prise d'otages, comment reconnaître les mines antipersonnelles, comment purifier l'eau, comment installer une radio, une antenne et des panneaux solaires, comment gérer le stress, etc.).

Pendant cette semaine nous avons aussi tenté d'obtenir le maximum d'informations sur la situation au Bar El Gazal (la province dans laquelle on bosse au Sud Soudan). Mapel (notre position la plus sure au Sud Soudan...) a aussi été évacuée cette semaine à cause de la présence des PDF pas loin de là. Nous avons appris il y a 24 heures que Bararud, une localité situé de l'autre côté de la rivière mais à la même hauteur qu'Agiep, a aussi été attaquée et pillée (il y a eu 15 morts au moins dont 10 civils, 2 SPLA et 3 PDF). Aux dernières infos, le train et les PDF étaient encore à WAU alors c'est pour cette raison que les PDF demeurent une menace pour toutes les localités autour.

Comme la sécurité est précaire et les informations difficiles à obtenir nous avons dû revoir nos scénarios à plusieurs reprises cette semaine. Notre principal dilemme est que nous sommes coincés entre les risques à cause de l'insécurité sur le terrain et notre mission humanitaire de MSF qui est d'aider la population en détresse.

Le plan retenu qui vient d'entrer en application aujourd'hui est le suivant: ce matin à 06h30, heure soudanaise, notre chef de mission avec un infirmier (celui du SFC) et un logisticien sont partis en mission exploratoire de 24 à 48 heures sur le terrain. Le rôle de notre chef de mission est d'établir le contact avec les autorités locales, d'évaluer les risques pour la sécurité et de proposer un plan d'action à court terme. Le rôle de l'infirmier (l'infirmier du SFC) est d'acheminer la bouffe à nos centres nutritionnels. Le SFC a été choisi comme notre priorité sur le terrain car près de mille enfants y reçoivent une ration alimentaire actuellement. Nous considérons que le TFC et le PHCU sont pour l'intant moins prioritaire dans ce contexte difficile. Le logisticien-administrateur aura pour tache de maintenir le contact radio en permanence, de payer les employés locaux, d'installer le camp, de réparer les voitures (si elles sont là...). Dans les 24 prochaines heures nous aurons une meilleure idée de la situation et pourrons établir un scénario plus précis pour les prochains jours. Si la sécurité le permet, Louise (infirmière pour le PHCU), un logisticien (pour tout le support logistique et moi (comme médecin pour toutes les structures) se joindront à cette équipe réduite dans 24 ou 48 heures.

Alors que notre équipe exploratoire est à Ajiep, et que nous étions avec le reste de l'equipe réduite à Loki en stand by (sur le bord de la piscine...), notre responsable securité vient d'arriver de Bararud suite à son évaluation après l'attaque des PDF (l'avion s'est posé à peine deux heures à Bararud). Il nous a rapporté un petit souvenir .... une selle de PDF brûlée et un sabot de cheval!

Salut, nous sommes soulagés car nous avons reçu de (relativement) bonnes nouvelles d'Ajiep.

En effet, à la radio, notre chef de mission nous a appris que la population était encore là et qu'il n'y a pas eu de combats à Ajiep (pas de morts ni de blessé de guerre dans cette localité). Le SFC a fonctionné quelques jours en notre absence mais ils ont manqué de bouffe. Les deux TFC ont aussi fonctionnés en notre absence. Il y a eu certains soins offerts aussi au PHCU et il n'y a pas eu de rupture de stock dans les médicaments. La situation semble assez calme même si le train est encore à WAU.

Louise et moi allons donc nous envoler vers Ajiep dés demain matin, mardi 2 février, pour répartir les programmes MSF à Ajiep (nous sommes membres de l'equipe réduite MSF d'Ajiep). Nous serons rejoints par deux autres logisticiens dés le jeudi 4 février. Notre mission est, en plus d'assurer les soins cliniques dans toutes les structures, de fusionner les deux TFC en un seul, de diminuer l'activité de l'IPD ( In Patient clinic) (unité d'hospitalisation) au PHCU et de mieux encadrer l'activité de l'OPD (Out Patient Clinic) ( entre 1100 et 1200 consultations externes par semaine). L'atteinte de ces objectifs opérationnels permettra aux structures de pouvoir fonctionner en notre absence si nous devons évacuer encore la mission. Il est en effet possible que nous devions évacuer à nouveau si le train quitte Wau (avec les PDF). Dans ce cas, nous devrons sans doute courir dans le Bush. Nous travaillerons, mangerons et dormirons avec notre Run Away Back Sac sur le dos, les bottes aux pieds et le Talkie Walkie collé à l'oreille (j'utiliserai mon autre oreille pour mon stéthoscope). Nous serons sur le terrain jusqu'au 9 ou 10 février, date de la fin de notre mission. On compte beaucoup sur nous pour remplir ces objectifs opérationnels avant cette date car nous sommes ceux qui connaissons le mieux les structures.

Nous serons de retour à Nairobi vers le 10 février puis en Safari (possiblement à Amboseli) pour 4-5 jours, ensuite la St Valentin aux pieds du Kilimandjaro... et enfin à Zanzibar pour finir le mois de février. Nous passerons ensuite par Bruxelles et Paris pour être au Québec à la mi-mars (après le froid et la neige, souhaitons-nous).

Louise et Gilles XXX

Avec l'aimable autorisation d'Alain Vadeboncoeur - Mailing list Urgenet - Québec - Canada

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